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Les Amis des Roses, 2. trimester 1977, p. 16-17:] Le Buen Retiro est le plus ancien, et, peut-être, le plus admiré. Situé au centre même de la ville, c'est une véritable oasis de 130 hectares. Des arbres vénérables lui apportent leur ombrage, et un petit lac, la fraîcheur de ses eaux. On y découvre des jardins pleins d'attraits, des palais et des monuments et, par la grâce de don Carlos Prats Rodriguez del Llano, une roseraie, peut-être un peu perdue dans cette immensité, mais d'une grande beauté. Revenant d'une fête célébrée dans le parc de Bagatelle, ce dernier, qui était alors maire de Madrid, forma le projet de créer cette roseraie. Des plans furent établis, le sol fut préparé et les plus beaux rosiers commandés aux producteurs français. Mais un des événements les plus tragiques de l'Histoire allait se produire : la guerr.e, et du fait de la mobilisation des chemins de fer par l'armée, l'expédition des 12000 rosiers commandés se heurta à de grandes difficultés. Ils arrivèrent enfin au mois de mars 1915 et, malgré la date avancée pour notre climat, on prit le risque de les planter. Ils occupèrent les plates-bandes qui entouraient la serre que le marquis de Salamanque avait offerte à Madrid.
Cinquante jours après la plantation, une première rose apparaissait alors que pointaient les bourgeons des autres rosiers. Sur le nombre, seuls 65 furent perdus. La roseraie était sauvée. Elle fut solennellement inaugurée la même année. Entre-temps, une difficulté avait dû être surmontée quant à la dénomination de ce jardin de roses. Le maire de Madrid avait proposé « Roseria », mais d'autres noms furent mis en avant : « rosarium, rosario, rosera, rosero, rosalera, rosal, roseral, roseras, roseira, rosalal, rosetum et rosaleda ». Ce fut une grande confusion et, sur l'intervention de personnalités du monde des lettres et des arts, le nom finalement adopté fut le dernier cité, c'est-à-dire « Rosaleda » et, depuis, il désigne tous les jardins de roses en Espagne.
